Chapitre IX

Sabrina était revenue au pied de la montagne. Elle contempla l’endroit où se dressait le castel des moines. Les sourcils froncés par la réflexion, elle hésita longuement puis un sourire éclaira son visage aux traits fatigués. Elle stimula son dalka qui partit au petit trot.

Elle progressa jusqu’au milieu de l’après-midi pour atteindre enfin les rives d’un torrent. Elle mit pied à terre et but lentement entre ses mains. Sa soif apaisée, elle hésita un instant puis laissa tomber sa robe. Avec précaution, elle se glissa dans le lit de la rivière. L’eau très froide la fit frissonner mais elle se frotta énergiquement pour débarrasser son épiderme de la crasse accumulée ces dernières heures. La paume de ses mains la brûlait encore et restait rouge.

Elle se sécha avec sa robe et prit celle qu’elle traînait dans son sac. Son unique bien ! Elle récupéra sa monture qu’elle mena par la bride tandis qu’elle examinait le sol. Enfin satisfaite, elle se mit en selle.

À la tombée de la nuit, elle sentit l’odeur d’un feu et se laissa guider jusqu’au campement de fortune des moines. Ceux-ci étaient assis autour d’un maigre feu. À son arrivée, Paul se leva brusquement et se précipita vers elle mais il brisa son élan quand il ne fut plus qu’à un mètre d’elle.

— Sabrina… Sabrina, balbutia-t-il.

Le Grand Maître et le père alchimiste les rejoignirent bien vite.

— C’est un grand plaisir de vous revoir, mon enfant, dit Armadérien. Vous avez certainement beaucoup à nous conter. Auparavant, souhaitez-vous prendre quelque chose ? À voir votre mine fatiguée, il est facile de deviner que vous avez subi de dures épreuves.

— Très volontiers, mon Père. J’avoue mourir de faim.

Elle fut rapidement pourvue d’une écuelle de bois où s’empilaient de fines tranches de viande fumée tandis que Paul lui tendait un gobelet de vin léger. Dès qu’elle fut rassasiée, elle débuta le récit de la défense de la forteresse.

— Malheureusement, dit-elle, les réserves ont été rapidement épuisées car elles étaient bien maigres.

Le père alchimiste leva les bras au ciel en maugréant :

— Ces produits étaient réservés à mes recherches. Je ne savais pas qu’on pouvait imaginer s’en servir comme armes.

— Donc, j’ai été contrainte de me replier en début d’après-midi. Vous voyez que je n’ai guère retardé la prise du château.

— Nous avons gagné près de deux jours, dit Armadérien car jusqu’au dernier moment, ils nous croyaient dans la place.

— Comment avez-vous réussi à vous échapper ? demanda Paul.

Elle sourit, le regard malicieux.

— Vous pensez toujours que je suis une sorcière donc cela ne présentait aucune difficulté. Je suis montée au sommet de la plus haute tour. Là, je me suis transformée en un grand aigle noir et j’ai pris mon envol. Du haut des airs, grâce à mon regard perçant, j’ai pu observer votre colonne dans la forêt. À la nuit tombée, je me suis posée à peu de distance et j’ai repris mon aspect normal. Un sanglier passait et je l’ai changé en dalka pour arriver ici.

Paul l’écoutait très étonné, ne sachant que penser. Un rire discret du Grand Maître retentit.

— Mon enfant, cessez de taquiner ce malheureux Paul. Je vous assure qu’il était très inquiet sur votre sort et j’ai dû lui interdire de retourner dans la forteresse comme il voulait le faire.

— Vous avez sagement agi car il n’aurait été d’aucune utilité.

Elle expliqua sa ruse et son emprisonnement volontaire.

— J’ai beaucoup médit de vous et je vous demande de me pardonner.

— C’est sans importance ! Les gens de peu de foi croient beaucoup plus le mal qu’on dit que les louanges.

— J’espérais qu’ils allaient me relâcher rapidement mais ils m’ont conduite à un affreux sorcier pervers.

Entendant la description de l’homme, Paul murmura :

— C’est sans nul doute Merchak. Il voulait s’emparer des cristaux.

— Heureusement, poursuivit Sabrina, des messagers du Csar sont venus le chercher et ils sont repartis avec lui, me laissant à la garde de quatre soudards dont il n’a pas été trop difficile de se débarrasser.

— Comment avez-vous pu nous retrouver aussi rapidement ? s’étonna Paul.

— Il suffisait de se creuser un peu la cervelle, ironisa-t-elle. Je savais que vous disposiez d’un passage secret. Il ne pouvait déboucher sur le versant où se trouvait l’ennemi. Donc, il donnait nécessairement sur celui opposé.

Regardant le Grand Maître, elle poursuivit :

— En dépit des grandes qualités des bâtisseurs de vos aïeux, il était difficile d’imaginer qu’ils avaient creusé une galerie de plusieurs kilomètres de long. Ce type de montagne, comme les collines avoisinantes, possèdent de grandes cavités naturelles. Je le sais car je me suis aménagé une cachette dans l’une d’elle. J’ai ainsi imaginé que vos ancêtres avaient utilisé de telles grottes. Bien souvent, elles contiennent des rivières souterraines qui drainent les eaux filtrant à travers les roches. J’ai donc contourné la montagne jusqu’à ce que je trouve un torrent qui jaillissait environ à mi-hauteur du sommet. En le suivant, je n’ai pas tardé à retrouver les traces un peu trop visibles que vous avez laissées.

Pensif, Armadérien murmura :

— J’admire votre perspicacité, mon enfant. Vous m’étonnez beaucoup. Il est rare de trouver autant de sagesse dans une jeune et jolie tête. Nous reparlerons de tout cela demain car je gage que vous êtes fatiguée.

— Je le confesse mais j’ose espérer que les Godommes ne tiendront pas le même raisonnement que moi. Il conviendrait de mieux dissimuler les marques des pattes des dalkas et de presser l’allure.

— Je vais y songer. En attendant, mon enfant, allez vous reposer.

Sabrina s’installa un peu à l’écart au pied d’un grand chêne. Elle resta un moment à contempler le ciel étoilé. Paul approcha une couverture sur le bras.

— Je venais voir si vous n’étiez pas trop mal installée et ce lainage vous sera utile pour vous protéger de l’humidité de l’aube.

— Je vous remercie.

— Désirez-vous autre chose ?

— Oui, venez vous asseoir un instant près de moi.

Après une seconde d’hésitation, il obéit. Les deux têtes étaient maintenant toutes proches.

— Voilà, j’ai défendu seule une forteresse, j’ai été fouettée par un pervers et j’ai manqué être violée par un soudard. Je pense avoir mérité une récompense.

— C’est naturel, j’en parlerai au Grand Maître.

— Non, je la veux maintenant !

Elle étendit les bras et enserra Paul tandis que ses lèvres s’appliquaient sur les siennes. Le jeune homme tenta de se débattre mais rapidement capitula. Lentement, ils s’allongèrent sur le sol. Il voulut encore protester :

— Non, pas maintenant, pas ici…

Sourde à ses objurgations, elle se glissa sous lui, retroussant rapidement sa robe jusqu’aux hanches. Puis, une main agile délaça les braies de Paul qui se sentit guidé jusqu’à pénétrer dans un univers chaud, palpitant et complice. Il se laissa entraîner dans un voluptueux tourbillon tandis qu’une houle de plus en plus ample creusait les reins de Sabrina.

 

*

* *

 

Les moines avaient repris leur marche dès l’aube. Paul et Sabrina marchaient en queue de colonne tramant derrière leur monture des fascines pour effacer les traces des sabots des dalkas. Ils traversaient une plaine couverte de buissons épineux à demi desséchés. Le sentier très étroit les obligeait à marcher en file indienne. Paul regarda le soleil haut sur l’horizon et soupira :

— Quand nous atteindrons la forêt là-bas, nous serons au moins à l’ombre. Je me sens fondre et la sueur colle mes vêtements à la peau.

— Je me ferai un plaisir de vous aider à vous sécher, dit Sabrina avec un sourire malicieux.

— Nous verrons plus tard, grogna-t-il en rougissant.

Un peu plus tard, les premiers cavaliers atteignaient l’orée du bois. Paul se retourna sur sa monture pour regarder la jeune fille qui le suivait. Il aperçut alors au loin un nuage de poussière soulevé par un groupe de cavaliers.

— Ce sont des Godommes et ils progressent très vite. Allez avertir le Grand Maître pour qu’il fasse presser les moines et qu’ils se dissimulent dans la forêt, hors du chemin. Je vais tenter de les retarder.

Sabrina regarda la colonne des arrivants et secoua la tête.

— Ils sont au moins dix et en dépit de votre vaillance, vous n’avez aucune chance de les battre. Vous vous ferez tuer inutilement. Il faut agir différemment.

Elle huma l’air agité par une légère brise.

— Nous avons la chance que le vent souffle dans la bonne direction. Restez ici !

Elle plongea la main dans son cabas de joncs tressés qu’elle traînait toujours avec elle et en tira un sac de toile. Il contenait une poudre brune qu’elle commença à répandre de chaque côté du sentier. Elle dessina ainsi un ovale de trente mètres de long sur une bonne dizaine de large.

— Sabrina, je vous en prie, rejoignez les moines. Si les Godommes vous capturent, ils seront sans pitié.

La jeune fille ne sembla pas entendre. Le premier cavalier n’était plus qu’à une vingtaine de mètres. Elle étendit la main d’où s’échappa des paillettes brillantes puis recula de quelques pas. Aussitôt, une flamme brillante s’éleva sur le sentier. Le feu se propagea à grande vitesse, encerclant les cavaliers trop surpris pour fuir. Les buissons s’enflammèrent à leur tour, créant un véritable mur de flammes.

Un seul Godomme, celui qui courait en tête, parvint à franchir le barrage incandescent. Il se trouva alors face à Paul qui avait tiré son épée. Le combat ne dura guère. Une feinte en direction des yeux obligea le cavalier à relever son bouclier très haut. Un coup de pointe vif et précis lui transperça le thorax et il tomba à terre. Pendant ce temps le drame se poursuivait. Effrayés par l’incendie, les dalkas se cabraient, jetant à bas leur cavalier. Inexorablement, le cercle de flammes se rétrécissait attisé par la légère brise. Des cris de douleur et d’effroi retentirent longuement puis diminuèrent et s’éteignirent. Le silence retomba, seulement troublé par le crépitement de l’incendie qui s’éloignait lentement.

Très pâle, Paul restait immobile, regardant alternativement Sabrina et les flammes. Enfin, il émergea de sa torpeur et grogna d’une voix sourde :

— Venez, nous devons rejoindre au plus vite les moines. Si ces Godommes ont trouvé nos traces, il est à craindre que d’autres fassent de même. Il faudra accélérer notre marche et ne s’accorder que le repos nécessaire pour laisser souffler les montures. Je ne serai tranquille qu’au moment où nous atteindrons Rixor.

 

*

* *

Les moines étaient réunis autour d’un maigre feu. Tous étaient épuisés. Depuis deux jours, Paul les avait obligés à mener un train d’enfer. Nombre d’entre eux dormaient déjà. Le grand Maître, les traits tirés par la fatigue, conservait un regard vif. Il discutait avec Paul.

— Sommes-nous encore loin de Rixor ?

— J’espère que nous l’atteindrons demain soir, après-demain au plus tard. Les Godommes sont moins à craindre maintenant car il est peu probable qu’un détachement se risque aussi loin de sa base. C’est pourquoi j’ai pris le risque de vous accorder un plus long repos ce soir.

— J’ai beaucoup réfléchi pendant cette interminable chevauchée et j’ai décidé, pour la première fois, de conférer la dignité du cristal à une femme qui ne fait pas partie de notre ordre.

— Songez-vous à la princesse Priscilla ? Elle a un caractère énergique et est ambitieuse. Elle aurait même souhaité remplacer son frère le roi Karlus.

— Les intrigues de cour ne m’intéressent pas. Je ne pensais pas à elle mais à Sabrina.

Le malheureux Paul sursauta comme si un insecte venimeux s’était glissé dans ses braies.

— C’est impossible, souffla-t-il d’une voix étranglée. Elle vous a envoûté ! Je reste persuadé qu’elle est une sorcière.

— Mon enfant, vous allez me faire douter de votre intelligence. C’est une jeune fille à l’esprit vif qui possède une très grande connaissance des plantes et de certaines substances. Le père alchimiste s’est longuement entretenu avec elle et il aimerait beaucoup qu’elle l’aide dans ses travaux.

— Mais je vous assure que je l’ai vu étendre les mains et le feu a jailli. C’est bien le propre des sorcières.

— Il faut savoir regarder plus attentivement et ne pas se laisser abuser par une simple illusion. J’en ai discuté avec elle et le père alchimiste. Elle a d’abord répandu une substance très inflammable tirée d’un champignon, puis elle a jeté une autre poudre qui, au contact de la première s’est embrasé instantanément. Ce n’est pas maléfice mais simple réaction chimique. Il en est de même quand elle a caressé le soudard qui voulait la violer. Elle avait auparavant enduit la paume de sa main d’un puissant caustique. Aussitôt après, elle l’a essuyé sur sa robe qui a été rongée. En dépit de cela, sa peau est encore bien rouge comme j’ai pu le constater.

Non encore convaincu, Paul objecta :

— Le premier soir, je l’ai vue se transformer en une fumée qui m’entourait.

— Elle s’est confiée à moi sur cet épisode. Vous l’aviez miraculeusement sauvée et elle voulait farouchement vous appartenir. Une réaction compréhensible après avoir échappé à la mort. Devant votre réticence et votre réserve, elle m’a avoué avoir trafiqué votre boisson en vous faisant absorber un extrait d’un champignon hallucinogène.

À court d’arguments, Paul baissa la tête.

— Ainsi, murmura-t-il, elle m’a manipulé comme un enfant.

— Elle a deviné vos points faibles au moment opportun. Vous ne pouvez lui en vouloir. Je crois savoir que cet épisode comme les suivants ne vous a été nullement désagréable. Bien que vous refusiez à l’admettre vous avez une grande attirance pour elle et elle vous le rend bien. De plus, sans elle, vous n’auriez pu lutter contre une dizaine de Godommes. Elle vous a sauvé la vie car je sais que vous étiez prêt au sacrifice suprême et je lui en suis très reconnaissant.

Les joues de Paul avaient pris une belle teinte écarlate. L’analyse du Grand Maître le troublait profondément. Il était exact que la seule évocation de Sabrina lui mordait les reins et accélérait les battements de son cœur.

— Allez la chercher, Paul. Elle s’est retirée là-bas.

La jeune fille était allongée sur un lit de mousse mais elle ne dormait pas encore. Elle sourit à l’arrivée de Paul.

— Venez, dit-il, le Grand Maître désire vous parler.

Armadérien était immobile, tenant entre le pouce et l’index un cristal qui reflétait les lueurs du feu mourant.

— Agenouillez-vous, mon enfant.

Étonnée, elle obéit regardant alternativement les deux hommes en face d’elle. Le Grand Maître étendit les mains au-dessus de sa tête.

— Sabrina, je vous confère la dignité du cristal. Il vous apportera force, rapidité de réflexe et une agilité d’esprit encore plus grande.

Il posa le cristal au sommet du front, juste à la limite des cheveux. La jeune fille ne put retenir un gémissement quand la pierre toucha son épiderme. Une sensation intense de brûlure. Lentement, le cristal pénétra dans la peau jusqu’à entrer au contact de l’os sur lequel il se fixa. Sabrina chancela et serait tombée sans le soutien de Paul.

— C’est terminé, reprit Armadérien. Je sais que vous vous montrerez digne de ce cristal. Paul, accompagnez-la et expliquez-lui qu’elle a supporté la douleur avec plus de courage que beaucoup de jeunes chevaliers.

Pas encore remise de sa surprise, Sabrina voulut remercier le Grand Maître mais ce dernier secoua la tête et s’éloigna. Paul l’aida à se relever en murmurant :

— Je sais ce que vous avez subi. Moi, lors de la cérémonie, j’ai bien cru m’évanouir. J’étais avec le dauphin Karlus qui était encore plus pâle que moi.

À pas lent, il l’accompagna sans cesser de lui tenir le bras. Machinalement, Sabrina passait l’extrémité de son index sur la petite saillie du cristal, encore incrédule.

— Je ne comprends toujours pas comment le Grand Maître a pu me faire ce présent car je croyais qu’il était réservé aux chevaliers.

— Moi aussi, sourit Paul.

— D’autres femmes ont-elles reçu un cristal ?

— Vous êtes la seule en dehors des rares sœurs de l’ordre. Si le Maître vous a choisie c’est qu’il vous en a jugée digne. À moins que…

Il s’interrompit en se mordant les lèvres. Ce fut elle qui poursuivit en riant :

— À moins que je l’aie envoûté.

— Non, ce n’est pas ce que je voulais dire…

— Mais vous n’avez pu vous empêcher d’y penser. Pour la peine, vous me devez une compensation.

Elle l’enlaça et l’embrassa avec fougue. Un peu plus tard, elle s’écarta en riant :

— Dormez bien et faites de beaux rêves.

Elle retourna s’allonger un peu plus loin. Paul eut un petit instant d’hésitation. Il se sentait déçu et frustré qu’elle n’ait pas insisté pour l’entraîner. Il aurait très volontiers accepté une nouvelle étreinte.

Les Sorcières du marais
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